C'est reparti! Et je jubile d'autant plus à te retrouver ami lecteur que quelques jours avant il était impensable de pouvoir reprendre nos sorties Longues Durées en ce début mars, voire même de mettre un cycliste dehors :-10°C le mercredi précédent! J'ai donc halluciné à la présentation télévisée des prévisions météo dimanche soir...ce mardi samarien était annoncé beau, sec, avec des températures à 2 chiffres AU-DESSUS de zéro! Encore ébahie, surexcitée à l'idée, j'ai aussitôt battu le rappel des troupes pour lancer la saison LD 2018 comme chaque année en cette première semaine de mars.
l y a 4 jours, c'était cette vue enneigée de la fenêtre de la salle de bain, et en ce matin du 6 mars, un soleil resplendissant l'illumine dès 8h30.
Je me suis réveillée à 6h spontanément, impatiente. J'ai dormi comme une souche malgré la présence de la chatte Etna en vacances chez nous et qui fait sienne notre couette. C'est l'effervescence au petit déjeuner , Léa se prépare aussi, elle remplace un kiné à St Fuscien me rejouissant de sa présence pour 3 semaines, Michel veut profiter aussi de cette belle journée pour rouler...
Certes c'est encore l'hiver, 6°C qui semblent bien doux. Je pars réchauffée d'un message d'encouragement corse de Sylvian qui pense à nous et dont l'amitié me manque.
Je suis totalement en manque de kilomètres mais je m'en fiche complètement, j'ai trop envie que ÇA recommence. J'avais bien 800 bornes au compteur et la grande forme fin janvier. Mais avec mon séjour dans la neige du Cantal, je n'ai que 75km en février au cours d'une sortie club où il a fallu me pousser pour terminer !
Je sais que nous sommes nombreux dans mon cas...et pourtant à ma stupéfaction réjouie, je retrouve au club, outre Jean-Robert pour nous encourager : Claude, Didier L, Dominique, Germain, Julien R, Michel H, Michel T, Renaud, William, Yves pour l'USCA, Daniel, Francis, Hervé et Jack pour les "invités"Avec Jean-Paul C qui m'a téléphoné nous attendre en chemin, nous serons donc 16, effectif inespéré quand on fait la liste de tous les piliers des LD manquants (qu'on espère vite, vite retrouver).
C'est la joie des retrouvailles après ces longs mois de froidure, sur un air non pas de rentrée des classes mais de joyeux départ en colonie de vacances. J'aurai tout au long de la route de brutales bouffées de bonheur.
Parcours classique, facile, tout plat, la première LD nous emmène par tradition au bord de mer le plus proche, donc à St Valéry sur Somme. Je teste une nouvelle consigne : j'aimerais que l'apparition de la pancarte barrée fin de village devienne réflexe à se retourner....et bien ce n'est pas gagné pour aujourd'hui !!!!
Autre nouveauté 2018: j'ai décidé de ne plus râler. Oui tu as bien lu ami lecteur, j'ai l'intention de sourire de tout, jusqu'à te faire oublier mon mauvais caractère, rester un modèle de bonne humeur sans disputes, sans noms d'oiseaux., paisible et joyeuse.
J'espère que le comportement de mes compagnons va m'aider à tenir cette bonne résolution.
La troupe batifole dans la campagne. Julien crève à La Chaussée-Tirancourt juste après notre rencontre avec Jean-Paul.
Le ruban s'étire un peu après Flixecourt, l'automatisme pancarte barrée- regard en arrière n'étant pas encore acquis par tous. Claude, Daniel et William nous quittent à Pont-Rémy.
Nous traversons Abbeville sans encombre, mais la circulation est dense et crispante sur la route vers la mer. Je ne l'avais pas prévu mais j'ai le réflexe à Port le Grand de bifurquer vers Petit Port et le chemin de halage. Mes amis apprécient le calme retrouvé le long du fleuve, encadrés de cordons de perce-neiges, jusqu'à l'estuaire.
Nous voilà donc arrivés, là où la Somme se fond à la Manche. Il fait si bon que nous décidons de manger nos sandwichs dehors devant la baie même Dominique convalescent d'une bronchite.
Nous sommes particulièrement aimablement accueillis à "La terrasse". Bien que le restaurant soit plein et que nous ne commandons que des boissons, le patron nous offre deux saladiers de frites énormes. Je craque...je serai punie.
Nous repartons requinqués par cette réjouissante pause maritime par le parcours habituel Pinchefaline, Saigneville, Abbeville, Mareuil-Caubert....À ma bonne surprise, je pédale sans peine, mes jambes sont légères.....hélas inversement proportionnellement à mon estomac qui lui est lourd, lourd...moi qui prône une diététique exemplaire sur le vélo, je paye mon écart goinfre...
Au km 94 mon compteur démissionne. Je reste sur une moyenne de 25,4 km...mais je pense que la suite fût plus lente car bientôt les ennuis commencent... crampes pour Jean-Paul et Francis, défaillance de Germain...L'unité se fissure, le groupe se divise, c'est dommage. Dans la pourtant très longue ligne droite entre Fontaine et Longpré nous n'apercevons même plus nos prédécesseurs, qui se sentent obligés de s'arrêter pour nous attendre après 3 bons kilomètres de séparation...alors quel intérêt de rouler sans se retourner ? Bon je rappelle qu'en concertation avec moi-même même j'ai promis de ne plus râler: la sortie serait parfaite sans cette petite contrariété qui n'entame en rien notre gaieté commune.
Nous cheminons à nouveau de concert dans un bel ensemble, nous voilà déjà à Yzeux, Belloy...Bonne surprise, je ne ressens aucune fatigue. Hélas, occupé avec mes jambes, mon cerveau a délaissé mon appareil digestif réfractaire aux incartades alimentaires. Je crois vomir chaque fois que je tente de boire, ce qui provoque d'horribles crampes d'estomac. Dominique se sent très nauséeux lui aussi, dame il s'est confectionné un sandwich "américain" séduit par la générosité de notre hôte de midi. Heureusement nous approchons du but.
À Samara, anecdote amusante, nous sommes rattrapés par la voiture de Didier D et Paulette! J'adore Didier et son caractère fantasque mais là je lui en veux un peu: il a poussé l'excentricité jusqu'à aller en janvier se casser la clavicule sur une route de Thaïlande nous privant ainsi de sa compagnie farfelue de longues semaines encore.
Nous nous séparons dans les rues d'Amiens, ma digestion a perturbé physiquement mes derniers kilomètres mais pas ma sensation euphorique de plaisir, nous sommes tous ravis de cette belle journée. Je rentre bien sûr directement me soigner au bicarbonate, ce qui me permet d'assister à la victoire d'étape de Jonathan Hiver dans Paris-Nice. Mon estomac va rester fragile toute la soirée, je dînerai léger.
Michel est allé rouler et a reçu quelques petites gouttes, nous pas du tout, le ciel a été bon pour nous! Eric m'appelle pour que je lui raconte.
Je suis à peine fatiguée, je me sens bêtement heureuse, et je n'ai qu'une envie: recommencer.